samedi 28 décembre 2013

Rando des potos : fin de la première partie ...

Meuh non qu'on n'était pas frits du tout ! On avait notre Padin avec nous ! Et avec lui une bande d'allumés de première qu'étaient pas prêts à lâcher l'morcif çakom !

Tous nos loustics étaient agglutinés au bord du cône de déjection comme des mouches sur ... un morceau de barbaque et se demandaient avec une pointe d'inquiétude vrillée dans leur cerveau en ébullition comment diantre ils allaient pouvoir effacer un obstacle de cet acabit.
Et, bien honnêtement, ils séchaient, là ...
Rebrousser chemin et faire un immense détour pour donner raison à ce diable de prêtre ? ça JAMAIS !!!

Alors comment faire, hein, COMMENT ?!!
Celui qui phosphorait le plus dans le lot, c'était nôt' Padin qu'on aurait dit en transes. Des volutes de vapeur d'eau exsudaient de son front bouillant, ce qui ne manquait pas d'inquiéter grandement ses potes de bourre qui craignaient la surchauffe !
Soudain, il les fit sursauter par un cri guttural digne d'un Tarzan qui se serait coincé les noix dans les tresses d'une liane mal foutue !
" Euréka ! "

Un Rick à la pointe de la répartie osa un " Mais encore ? " qui ravit se compagnons d'infortune devant leur interlocation, barbarisme que le rédacteur aurait pu éviter, je vous l'accorde bien volontiers, mais paraît que ça fait genre, alors ...
" On va réparer ce traou à l'ancienne ! Ce sera notre grand oeuvre, la trace de notre passage en ces terres profondes d'un sud-ouest mythique, notre cathédrale commune ... "
L'avait abusé de l'Armagnac du père Magloire nôt' rouergat, ou bien ?

"Euuuuh ... papy, tu veux pas aller te rafraîchir dans la rivière un pneu ? Tu vas nous claquer le joint de culasse si ça continue. "
Le Sergio commençait à vraiment avoir les miquettes face à la réaction pour le moins incongrue de son ami.
" T'inquiètes, mon bretonnant par nature, j'ai toute ma tête vissée au fonde mon casque GPA G7. Je vais d'ailleurs avoir besoin du spécialiste granitique que tu es dans tes gènes celtiques : on va fabriquer un mur ! "
Là, ses potos prirent réellement peur.

Le Padin, visiblement il avait déposé le bilan ! C'était la décompensation alcoolique grave ...
" Mais, put* borgne, croyez-moi ! On est capables de monter un mur de pierres sèches qui servira de soutènement à la terre que nous éboulerons dans le trou pour rétablir la continuité de cet adorable sentier de chèvres que vous êtes !!! "
Ben mon colon, là on avait compris, mais il était quand même fou à lier !
Le boulot de romain que ça demandait son idée complètement dingo !!!

Et c'est justement parce-que ça paraissait complètement barré que cela séduisit la bande de déjantés de la Takasago.
Les yeux se mirent à briller de myriades d'étoiles : va pour notre oeuvre commune ! On va se cracher dans les pognes et on va te réparer ce chemin avant la tombée de la nuit, foi de timonistes pas encore
cirrhotiques !
Sitôt dit, sitôt fait ! On tomba les casques et chacun partit de son côté pour chercher les pierres nécessaires à l'édification d'un mur qui ne serait pas celui des lamentations.

Le bas de la falaise était parsemé de morceaux de roches calcaires qui allaient au poil pour former un mur sec comme le gosier d'un dakarien traversant le Ténéré.
Une chaîne humaine se forma spontanément tout au long du sentier du diable qui portait plus que jamais son nom avec justesse !
Les pierres s'entassèrent bientôt devant le trou dans lequel el Sergio et Padin avaient pris place avec autorité.
Eldo' et Rick el picardo leur passaient les pierres les plus plates pendant que Ragtime man et ses hommes de main s'activaient tels des fourmis transgéniques avec l'acharnement d'hommes habités par une mission supérieure.

Et contre toute attente, le fameux mur des potos s'éleva au dessus du vide à une vitesse plus que respectable pour des amateurs !
Z'avaient un sacré coup de main les vieux roublards !
Bientôt une double rangée de pierres scientifiquement entrelacées atteignit le bord du sentier. C'était ma foi de la belle ouvrage digne des bâtisseurs du Moyen-Age. Y nous avaient caché leur talent nos deux briscards, really !
Quelques pierres plus grosses et à la forme plus ou moins rectangulaire parachevèrent le mur pour mieux le stabiliser et former accessoirement un parapet rassurant.

Il ne restait plus qu'à remplir le trou. Et pour ça, Padin pas à court d'idée, avait la sienne pour ce faire.
La dizaine de timonistes planta des branches dans le sol meuble quelques mètres au dessus et s'agrippant à ces piquets improvisés, ils se servirent des semelles crantées de leurs bottes pour arracher des paquets de terre à la pente.
Bientôt une pluie de glaise emplit progressivement le trou. Lorsque les bottes atteignirent la roche, nos bâtisseurs de l'extrême montèrent trois mètres plus haut et recommencèrent l'opération.
Une cheminée canalisa les débris de l'humus jusque dans le tr... ben non, on ne pouvait plus parler de trou car celui-ci avait disparu !

La horde sauvage dégringola jusqu'à ce passage tout neuf, fruit de son acharnement, avec la joie d'enfants ayant joué un bon tour à l'adversité qui peut s'avérer une belle sal*pe arfois, faut dire ...
Et les voila qui foulent la terre avec férocité comme ces vignerons d'autrefois le faisaient pour la vendange dans un cuve emplie de grappes de raisin mûr.
Ah, ça envoyait la purée, là ! On n'aurait pas dit que les mêmes gus ressemblaient à des zombies abattus quelques heures plus tôt !
Comme quoi l'extrême volonté triomphe de tout, même de la pire adversité ...

Bon, mais c'était pas tout ça : fallait monter les brêles maintenant !
Après avoir réglé un tel coup du sort, nos héros étaient tellement euphoriques qu'ils auraient gravi l'Everest avec leurs brêles stock.
La montée jusqu'en haut de cette foutue falaise ne fut qu'un aimable jeu d'enfant, mis à part peut-être pour Pit et sa KS un pélo nerveuse.
Mais notre kawasakiste maîtrisa son ascension avec une maestria qui le laissa sur le luc ... une fois en haut !

On était enfin sur le plateau couvert d'arbres serrés comme s'ils avaient froid. 
Plus que quelques kilomètres dans cette végétation dense comme une jungle et on serait de retour dans la douceur de Lacaroumieux.
Tant mieux car la troupe commençait à en avoir plein les bottes !
On alluma les loupiotes et on s'ébranla en un convoi prudent au milieu des chênes noirs comme du charbon ..

Bientôt, à travers les futaies pourtant épaisses de la forêt, les motards concentrés aperçurent les premières lueurs des réverbères de Lacaroumieux : ils arrivaient à bon port !

Ce fut avec un soulagement non dissimulé qu'ils béquillèrent leurs brêles toutes crottées sur la place Saint Marc, juste devant le troquet de Fat Bob qui, sans doute mû par une intuition surnaturelle avait fait chauffer la Guiness à leur intention afin de réchauffer leurs os transis par le manteau glacé d'une nouvelle nuit sans lune.
Dame ! C'est que la vie pouvait s'avérer parfois rude dans ces contrées pourtant hospitalières, pour peu qu'on se tape dans la paillasse pour les découvrir !

Le banquet servi par la belle Natacha fut l'occasion de se remémorer les exploit de cette rando désormais mythique dans les éclats de rire de nos héros de l'inutile ...

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