mardi 24 décembre 2013

Rando des potos : après le défilé, la falaise du diable

Notre rouergat n'en menait pas large, vraiment pas plus que la largeur ridicule du sentier de bouquetin corse raide pentu devant son peuneu trialisant.
Imaginez, chers lecteurs stupéfaits, une bizarrerie géologique enclavée comme une cicatrice dans le calcaire d'une paroi verticale d'une bonne cinquantaine de mètres de haut !
ça te foutait les jetons rien que de la regarder d'en bas, alors d'en haut je t'en parle mêm' pas. Y avait de quoi pourrir le slip de tout motard normalement constitué !

Mais nôt' Padin avait son honneur et là où seul il aurait raisonnablement refusé l'obstacle, devant ses potos qui tentaient de puiser leur courage dans son regard d'acier, un peu qu'il allait se la fader c'te put* de montée impossible !
Il eut une pensée émue pour sa dulcinée qui croyait ingénument qu'il était en train de baguenauder gentiment avec des braves p'tits gars sérieux comme ces bretons, là, Sergio et Eldo'. Ben si elle savait ...
Bon, il avala difficilement le reste d'une salive épaisse, une bouffée d'air pur et se dressa sur les cale-pieds de sa fidèle " Est-ce elle ? " : on est parti !

Les premiers mètres d'ascension se déroulèrent sans encombre. Il se permis même le luxe de jeter un coup d'oeil vers le bas où il distinguait la rivière dérouler son écharpe argentée au milieu des arbres chevelus.
Mais bientôt il entra dans le vif du sujet avec un rétrécissement du sentier réduit à sa plus simple expression : une langue de terre meuble avec le vide sur sa droite et un mur de calcaire gris à gauche.
Un coup de guidon malencontreux et c'était le big plongeon dont on ne revient pas !
Autant dire que nôt' Padin était plus concentré qu'une palette de boîtes de lait Nestlé. Il n'était plus question de souplesse, de beaux déplacements, de tout ce qui fait la gloire du trial, ça non.

Notre trialiste était raide comme un piquet, debout comme s'il voulait devancer sa brêle dans cette montée de la peur. Seuls ses bras gardaient la souplesse et la réactivité nécessaires pour corriger la trajectoire au millimètre près.
Et, ma foi, ça grimpouillait plutôt pas mal, ça s'élevait gentiment, ça avançait toujours. La preuve, c'est qu'il fallait plus regarder sur la droite sinon c'était le grand saut direct dans l'ombre de la mort !
Il était déjà à moitié chemin et commençait à espérer vaincre cette maudite barre rocheuse, lorsque soudain, un éboulement du sentier le stoppa net dans son élan ! Un tremblement nerveux lui parcourut l'échine et alla se perdre jusque dans les tréfonds de ses entrailles : il avait eu sacrément chaud !

Toujours debout sur les cale-pieds, il appuya l'extrémité de son guidon contre la paroi rocheuse avant de poser un pied inquiet sur une touffe d'herbe égarée. Il fit un demi-tour précautionneux dans un ralenti maîtrisé que n'aurait certainement pas renié le mime Marceau.
Les autres zigs, en contrebas, avaient déjà compris qu'il y avait une c*uille dans le potage.

Padin les interpella en tentant de masquer son inquiétude :
" Oh du bateau, là en bas ! Laissez vos brêles et montez à pied. J'ai besoin de bras ! "
La troupe gravit lentement le sentier montagneux en file indienne et rejoint l'infortuné trialiste pour comprendre la gravité de la situation.
Un pan de la paroi s'était détaché récemment, entraînant dans sa chute une partie du sentier transformée en trou d'un bon mètre cinquante de profondeur.

Comment faire ? On était frits, là ...

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